Le vieillissement est donné comme explication principale à la dégénérescence mitochondriale (nombre et activité). Le stress oxydatif lié au vieillissement donne naissance à un surplus d’espèces réactives à l’oxygène (ROS) qui va déstabiliser les protéines, les membranes, l’ADN, certaines macromolécules et l’ADN mitochondrial.
Mais, il faut prendre le problème dans le sens inverse : c’est le dysfonctionnement mitochondrial qui est responsable du vieillissement et non l’inverse. Alors qu’est-ce qui perturbe à ce point nos mitochondries et comment en prendre soin ?
Fonctionnement de la mitochondrie
1 / Structure et localisation
Les mitochondries se situent en grand nombre dans les zones qui demandent beaucoup d’énergie (organes et muscles (s’il en reste)). Elles sont constituées de plusieurs structures aux fonctions spécifiques : une membrane externe, un espace intermembranaire, une membrane interne et une matrice.

2 / Formation de l’ATP et de chaleur
La mitochondrie a deux rôles clés : la fabrication de l’ATP et la libération de chaleur pour maintenir le corps à bonne température. Il faut noter que les deux processus sont différents et que la production de chaleur (via un mécanisme de découplage) ne produit pas d’ATP. Pour créer l’ATP, la mitochondrie se sert de différentes molécules :
- Le glucose +++ : avec une glycolyse puis un passage dans le cycle de Krebs
- Les lipides ++ : β-oxydation puis passage dans le cycle de Krebs (plus complexe que l’oxydation du glucose)
- Les acides aminés (constituants des protéines) + : passage dans le cycle de Krebs
En fonction de leur localisation, les mitochondries ne se servent pas de la même source principale d’énergie. Par exemple, le cerveau tire majoritairement son énergie des sucres alors que le cœur utilise préférentiellement les lipides.
Les mitochondries s’adaptent au régime alimentaire, c’est-à-dire que si vous avez tendance à consommer plus de lipides alors la formation d’ATP se fera surtout par β-oxydation des acides gras et passage dans le cycle de Krebs plutôt que par l’oxydation du glucose.
Il existe une compétition entre le glucose et les lipides afin de choisir quelle source d’énergie sera utilisée par la mitochondrie. Une augmentation des acides gras circulants (alimentation, stress…) va mener à une inhibition de l’oxydation du glucose : c’est l’effet Randle.
3 / Problème lié à un manque de sucre
Lorsque les sucres ne sont pas suffisant pour produire de l’énergie, le cycle de Krebs du foie ralentit et ne pourra pas produire d’énergie.
Le corps va alors mobiliser les lipides stockés dans le corps. Ce phénomène appelé lipolyse va libérer un excès d’acide gras par rapport à la faculté du corps à les β-oxyder. L’excès sera restocké dans le foie, les muscles et les adipocytes (cellules graisseuses).
Les acides gras β-oxydés sont transformés en cétones par le foie. Celles-ci sont ensuite transportées dans les tissus voisins qui pourront au final produire de l’énergie grâce à leurs mitochondries.
C’est le principe de la diète cétogène qui a pour objectif de « brûler le gras » mais qui présente de multiples problèmes à long terme : élévation des hormones du stress (en réponse au faible apport de glucides), augmentation de la concentration d’acides gras circulants (en réponse à la lipolyse), augmentation des ROS…
Une mitochondrie en déclin
1 / Symptômes d’un dysfonctionnement
Toutes les maladies métaboliques et dégénératives sont le résultat d’un dysfonctionnement mitochondrial : diabète, obésité, maladie de Parkinson, cancer…
Des symptômes avant-coureurs peuvent donner un aperçu de la dégradation de nos mitochondries :
- Fatigue chronique
- Douleurs musculaires
- Faible résistance à l’exercice physique
- Frilosité
- Inflammations multiples
- Vieillissement prématuré (peau, ostéoporose, ménopause précoce…)
- Accumulation d’acide lactique (lactate) qui peut aboutir à une fibromyalgie
- Anxiété non explicable
- Changement dans les habitudes de sommeil
…
2 / Les tueurs de mitochondries
- Mauvaise oxydation du sucre comme vu précédemment
- Les stress chimiques, physiques, émotionnels → élévation du cortisol, de l’adrénaline et de l’ACTH → augmentation de la lipolyse et donc la quantité d’acides gras circulants
- Un régime pauvre en sucres qui aura tendance à stresser le corps via la sécrétion d’adrénaline
- Un régime alimentaire riche en AGPI (acides gras polyinsaturés) → oxydation préférentielle des acides gras → augmentation de la concentration d’acides gras circulants → ralentissement de la fonction thyroïdienne → création de ROS à souffrance mitochondriale → métabolisme au ralenti
- Une absence d’activité physique
- L’inflammation
- Les différents champs magnétiques (téléphone, antenne, ligne haute tension…)
- La lumière bleue (écrans) qui va perturber le fonctionnement de la cytochrome c oxydase (enzyme cruciale de la mitochondrie)
L’état des mitochondries est étroitement lié à la santé thyroïdienne ainsi qu’à la production d’hormones surrénaliennes. En effet, les hormones thyroïdiennes permettent à la mitochondrie d’oxyder le sucre à la perfection alors qu’un excès d’hormones du stress (adrénaline, cortisol, ACTH) va désorganiser le fonctionnement mitochondrial.
Prendre soin de nos mitochondries
1 / Régime alimentaire
Après toutes ces belles paroles sur nos centrales énergétiques il est temps d’apprendre à les chouchouter.
La mitochondrie a besoin de carburant pour produire de l’énergie il faut alors lui donner des ressources suffisantes de sucres (fruits, miel, sucres non transformés…) afin de ne pas perturber son fonctionnement. Essayez au maximum de limiter la quantité d’AGPI dans votre alimentation afin de ne pas perturber votre métabolisme et ne négligez pas l’apport en protéines.
2 / Sport
Le meilleur exercice physique pour augmenter le nombre et entretenir ses mitochondries est la musculation. En effet, la phase concentrique des mouvements (par exemple la phase de poussée lors de la réalisation d’une pompe) est ce qui procure le plus grand bien à nos mitochondries. En revanche, les sports cardio de longues durées (endurance, vélo longue distance…) sont néfastes puisqu’ils entraînent une élévation des hormones du stress qui déstabilise les mitochondries.
3 / Le dioxyde de carbone (CO2)
Une bonne aptitude corporelle à fabriquer et à retenir le CO2 permettra de maintenir une bonne respiration cellulaire même sous l’effet d’un stress. Ce CO2 protège les protéines, augmente la défense contre l’accumulation des ROS et permet une diminution de leur synthèse. Le CO2 est le concurrent direct du lactate qui s’accumule lorsque la cellule n’a pas assez d’oxygène (par exemple après un effort intense).
Le dysfonctionnement mitochondrial est aussi expliqué par une accumulation de lactate qui asphyxie la mitochondrie. La formation de lactate est inhibée lorsque le corps possède des ressources suffisantes en CO2. D’ailleurs, le lactate est formé en excès dans les pathologies cancéreuses. Les scientifiques sont à la recherche de molécules pouvant inhiber les enzymes responsables de la perte de CO2 dans les tissus cancéreux (l’acétazolamide possède cette action mais n’est pourtant pas utilisée…).
Les meilleures façons d’optimiser nos niveaux de CO2 sont : la respiration Buteyko, les courtes respirations dans un sac en papier (1 à 2min), passer quelques temps en altitude, améliorer sa fonction thyroïdienne.
4 / Vitamines, minéraux et suppléments
Voici une liste non exhaustive des différentes substances qui contribuent à l’amélioration en nombre et en activité de nos mitochondries :
- Coenzyme Q10 et Pyrroloquinoline Quinone (PQQ)
- Vitamines B / Vitamine K2
- Fer (si une carence existe sinon il favorise le stress oxydatif)
- D-Ribose
- Caféine
- Huile de coco (acide gras saturé → résistant à l’oxydation en molécules toxiques + améliore la santé thyroïdienne)
- Acide alpha-lipoïque
- Magnésium, Sélénium
- N-Acétylcystéine
- Aspirine (molécule IN-CROY-ABLE avec de nombreux effets bénéfiques pour la santé : inhibition de l’acide lactique, réduction du cortisol, inhibition des prostaglandines…)
Conclusion
Les mitochondries sont de réels bijoux dont nous devons prendre soin. En effet, elles nous permettent de réfléchir, de faire du sport, de résister face aux différentes agressions que le corps peut subir… Notre nouvelle façon de s’alimenter avec de plus en plus d’huiles végétales est la raison principale du dysfonctionnement précoce de nos mitochondries. Ajoutez à ça le stress lié à une activité professionnelle, les différents aléas de la vie, la sédentarité et nous tuons nos centrales énergétiques à vitesse grand V. Une alimentation riche en sucres (non industriels, préférez les fruits et le fait maison), suffisante en protéines et plus faible en gras, associée à du mouvement est la méthode la plus efficace afin d’éviter ce désastre. Lorsque les mitochondries sont en bonne santé elles nous permettent de rester jeune à la fois dans notre tête et dans notre corps.
